Sur la route de LA
- Pascal Guillon
- 26 nov 2016
- 1 Min. de lectura

Chaque tour de roue de sa Buick 1965 nous rapprochait de cet endroit discret, surprenant, que nous réservait le Destin. Il roulait plus vite que d’habitude, chose qui n’était pas vraiment difficile compte tenu de son comportement plutôt timoré, dans ce domaine comme dans d’autres. Bien sûr, personne ne s’était jamais permis de le lui dire – il était timoré, mais personne ne lui aurait dit en face ses quatre vérité sans s’exposer à des désagréments aussi soudains que brutaux. Doug était dentiste, mais sa vrai vocation c’était le piano – vous savez, ce piano à queue qu’il y dans certains bars de Broadway. Il aimait le jazz, et cette touche artistique achevait de faire de son portrait un patchwork de contradictions. A ce qu’il disait, la musique le tranquillisait et lui permettait d’affronter la vie et sa profession avec détachement. Son mètre quatre-vingt huit lui offrait une confortable sécurité, et renforçait l’incohérence globale de son image. La route était déserte, sauf quelque souris ou mulot qui, profitant de l’humidité naissante en cette nuit encore jeune, sortait pour chercher quelque insecte ou petit animal à se mettre sous la dent. Il va sans dire que, à 3 heures du matin, même la route menant de Los Angeles à Las Vegas était exempte de circulation. L’activité nous la trouverions au grand casino Shelters Bowl, dont nous séparaient maintenant à peine plus de quelques kilomètres. Il était grand temps que arrivions, car le comportement de Doug ne laissait aucun doute sur son encombrante nervosité. (à suivre)
Comentarios