L'attaque

C’était un objet allongé, d’environ 10 ou 15 cm et légèrement courbé. Il venait vers moi rapidement, moins par volonté propre que du fait du vent qui soufflait à 80 km/h. Puis soudain, je vis un autre objet similaire qui tournait et tournait, virevoltant à quelques mètres du sol, en un ballet inattendu et sublime de tonalités beige et vermillon. Les deux objets, distants entre eux de quelques mètres, se rapprochaient maintenant de ma position. Je ne saurais dire si leur intention était bonne, ou s’ils projetaient quelque mauvais coup. Mais non, ça n’avait aucun sens… malgré leur mouvement apparent, il s’agissait d’objets inertes, ils ne pouvaient avoir d’intentions. C’était du moins ce que j’espérais. Dans leur terrible avancée, ils s’entrechoquaient par moments, dans un bruit sourd et léger, comme quand on frappe deux morceaux de bois. Cette petite musique accompagnait leur vol, et je commençais même à distinguer sur le bout de ces bâtons improvisés… non… mais si, ce sont quelques poils ! La nature de mes attaquants était maintenant claire, mais je n’osais bouger. Puis d’un seul coup le vent faiblit puis stoppa. Emportés par leur inertie, les ovnis étaient maintenant à quelques mètres de moi, et se rapprochaient en trajectoire descendante. Ils tombèrent alors, ratant de peu mon cuir chevelu, déconfits et désappointés par leur échec. Il fallait se rendre à l’évidence : ils avaient échoués, j’étais toujours là, sain et sauf, tandis que les cornes gisaient, inertes et penaudes, à mes pieds. Oui, ce jour là, il faisait vraiment un vent à décorner les bœufs.